Les dangers des chutes texte de Michel Cavey publié le 16 janvier 2001, mise à jour de forme le 30 janvier 2005 Ecrire à l'auteur du texte : Michel Cavey La prévention des chutes en institution est un problème qui soulève bien des passions, tant chez les familles qu'au sein des équipes soignantes. La présente étude se veut une simple contribution au débat. Méthodologie : L’échantillon observé : L’hôpital Saint Jean est un établissement français de 140 lits comprenant :
Au sein du secteur d’hébergement, 24 lits sont constitués en unité réservée à des déments déambulants. Le recueil des données : Chaque chute constatée fait l’objet d’une fiche de signalement (voir annexe), qui est remplie par le soignant qui a observé la situation. Les fiches sont réunies et exploitées tous les six mois. La colonne " mécanisme " est renseignée rétrospectivement en fonction des données recueillies lors de l’incident mais aussi en fonction des données du dossier médical. Il s’agit donc d’arguments de probabilité et non de causes identifiées. Les conséquences des chutes sont classées en 4 niveaux :
La prévention des chutes : Il n’y a pas de lits à hauteur variable. Il n’existe actuellement aucune stratégie de prévention des chutes ; la seule mesure prise est une incitation à asseoir de préférence les résidents sur des chaises et non sur des fauteuils, ce qui a pour effet de lutter contre la rétropulsion. L’équipe médicale a mené une campagne de sensibilisation à l’usage des barrières et des contentions. Actuellement, la pratique est la suivante : Utilisation des barrières :
Une révision de cette stratégie est effectuée tous les trois mois. Actuellement, 19 résidents ont des barrières de lit, soit 18%. Parmi ces 19 résidents, 11 les ont sur leur demande. Utilisation des contentions : Les contentions sont autorisées dans deux circonstances :
Au cours de l’année 2000, et en dehors des réhydratations, deux malades ont fait l’objet de contentions :
Les résultats : 536 chutes ont été rapportées.
Le nombre de chutes est donc supérieur au chiffre couramment admis de 1,5 chute par an et par résident. Cependant l’intuition de l’équipe était que le taux de chute était nettement plus élevé, de l’ordre de 4 par lit. Il s’agit donc là plutôt d’une bonne surprise. La question demeure évidemment de savoir si la qualité du recueil des données a été suffisante. Tout ce qu’on peut dire est que le nombre de feuilles renseignées augmente régulièrement d’année en année, ce qui incite à penser que l’exhaustivité est bonne. Dans le secteur actif, médecine et soins de suite, le nombre de chutes est de 235, ce qui correspond à 0,47 chute par patient traité. Les chutes chez les déments : Une unité de 24 lits a été créée pour héberger les déments déambulants. Dans cette unité on a noté 157 chutes, soit 6,5 par patient. Ce taux est important, mais il faut noter qu’il y a des chuteurs multiples :
L’origine des chutes chez les chuteurs multiples est :
85% des chutes sont liées à une activité fondamentale du résident. On ne peut les éviter qu’en leur interdisant le mouvement. Les conséquences des chutes sont à considérer :
91% de ces chutes sont sans conséquence ; aucune n’a engendré de problème important. Les autres résidents présentent 73 chutes, soit 3,47 par sujet restant. L’origine est :
Ici aussi, 71% des chutes sont liées aux activités de déplacement du résident. On note un taux relativement élevé de chutes du lit ; 2 de ces chutes ont eu des conséquences de niveau 2, aucune de niveau 3. Nous ne souhaitons pas utiliser les barrières de lit chez ces patients, par crainte d'éventuelle réaction de panique en cas de cauchemars. Un seul résident en bénéficie. Les conséquences :
Soit, ensemble, 89%.
Il faut noter que la chute de niveau 3 était une chute inaugurale : fracture du col du fémur chez une patiente qui n’était jamais tombée. D’une manière générale, la gravité des chutes n’est pas liée à leur fréquence : les chutes de niveau 2 se répartissent et effet comme suit :
Les chutes dans le reste du secteur hébergement : Le secteur hébergement (déments exclus) est constitué d’une unité de 81 lits ; on y dénombre 144 chutes, soit 1,76 par an et par patient. Il y a peu de chuteurs multiples : un seul cas fait problème, celui d’une dame qui totalise 20 chutes. Ses chutes sont liées à son refus de demander de l’aide, alors qu’elle présente un trouble de l’équilibre qui rend ses transferts problématiques. Ce cas exclu, il reste 123 chutes pour 80 lits, soit 1,53 par an et par résident. L’origine des chutes s’établit comme suit :
60,5% des chutes surviennent lors de la marche ou d’un transfert. C’est moins que ce qui a été observé chez les déments. On peut se demander s’il existe un lien entre ce fait et le temps passé par les déments à déambuler. Les conséquences sont :
89% des chutes observées ne donnent lieu à aucun acte de soins.
Les chutes de niveau 3 sont causées par 3 transferts et 2 marches ; deux d’entre elles ont occasionné des radiographies qui se sont avérées normales. Pour les autres on relève :
Les chutes de niveau 2 sont 1 chute d’un lit et 1 chute d’un fauteuil ; le reste est lié à la marche et aux transferts. Dans cette étude on constate donc qu’une seule chute de lit (3,5%) a des conséquences visibles. Le mécanisme des chutes est :
Il s’ensuit que dans près de la moitié des cas une cause théoriquement accessible à un traitement est retrouvée. Dans l’ensemble du secteur hébergement : Si on considère l’ensemble des chutes observées en un an dans tout le secteur hébergement, on retrouve donc 301 chutes, soit 2,86 par lit, au double de ce qui est généralement admis. 29 de ces chutes (9,6%) ont occasionné des soins ; 6 (1,9%) ont imposé un transfert, dont 4 fractures (1,3%). Un seul de ces patients (0,3%) est décédé, le lien avec la chute n’étant pas clair. Le secteur de médecine et de soins de suite : Dans le secteur de soins actifs, on a noté 235 chutes. Il y a eu 495 entrées soit 0,47 chute par entrée. Il y a des chuteurs multiples, qui demandent à être étudiés à part :
Il faut noter qu’aucun de ces patients n’est sorti de l’hôpital saint Jean : trois sont décédés, les deux autres sont en hébergement dans l’unité de déments, où ils ne chutent plus. Les autres chuteurs totalisent 183 événements, soit 0,38 par entrée. L’origine des chutes est :
Les conclusions sont donc les suivantes :
fiche de signalement SURVEILLANCE D'UNE CHUTE
Nom de l'agent arrivé en premier sur les lieux : Si ce n'est pas lui qui rédige la présente fiche, nom du rédacteur : Chute : Lieu de la chute :
Type de la chute :
Lumière allumée ? Dernier repas à quelle heure ? Bien pris ? Comment l'alerte a-t-elle été donnée ? Médecin prévenu ? Sur place :
Conclusion de l’examen médical : Sur la chute (notion de traumatisme) : Sur la cause de la chute : Mis en kiné le : Ecrire à l'auteur du texte : Michel Cavey Ecrire à l'auteur du site :
Bernard Pradines
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