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mise en ligne le 6
avril 2003
La Lettre des Amis du Long Séjour n°44
numéro spécial
Décès du Docteur Roger Garin le 5
février 2003, Président d'Honneur des "Amis du Long Séjour"
L'EXEMPLE
Vous étiez
médecin généraliste et vous avez passé votre vie à vous dévouer corps et âme
pour soulager vos malades.
Puis vint la
retraite qui portait mal son nom dans votre cas puisque vous n'eûtes guère le
loisir de la goûter comme il eût convenu, comme vous l'aviez souhaitée.
Ce flou, qui
vous entoura bientôt, vous empêcha de poursuivre la pratique de la bicyclette,
votre hobby, ou plutôt votre prétexte pour aller à la rencontre de vos
semblables et de la nature. Aujourd'hui, le joyau de Talmont, votre but de
randonnée, vous survit comme il nous a précédés. Il est toujours là, fièrement
campé sur son rocher au bord de l'eau. Ce brouillard qui vous entoura n'en
raviva pas moins la flamme, cette lumière intérieure qui brilla alors de mille
éclats. Nos débats sur sa nature, l'irréductible différence, seraient-ils en
votre faveur ?
La retraite
fût cette occasion de vous connaître, bénévole encore et toujours auprès des
malades. Cela ne vous suffit donc pas de soutenir votre épouse avec l'aide
bienveillante de vos enfants. Vous disiez qu'il ne s'agissait que d'une faible
compensation des services rendus tout au long de votre vie.
Encore vous
fallut-il écouter, encore et toujours la souffrance des résidents de Soins de
Longue Durée mais aussi celle de leurs familles et celle des soignants.
Le 5 février
2003, cette écoute bienveillante, doublée d'une réassurance continue, s'est
terminée.
Il y eut
aussi vos témoignages. Par exemple celui que vous m'aviez livré sur nos
confrères, vos contemporains, qui perdirent la vie quand l'essentiel fût en
jeu. Ainsi allait votre refus de l'injustice, de la maltraitance, de la
violence. Votre foi était celle de la paix. Je n'y vis jamais aucune trace de
celle qui appelle à la guerre.
Cultivé au-delà
de l'imaginable, votre influence fût et sera considérable. Grâce à vous, nous
saurons mieux nous orienter.
Comment ne
pas être triste ? Comment ne pas ressentir cette joie, cette fierté, cette
chance d'avoir été de vos amis ?
Monsieur,
quand je vous ai vu pour la dernière fois, en service de Réanimation, vous
étiez soucieux. Oui, préoccupé par la tragédie des astronautes de la navette
Columbia. Vous vous réjouîtes que, négligeant les frontières, par dessus toute
autre considération, sans vraiment se connaître, les témoignages de compassion
fussent devenus immédiatement possibles. C'était vous. Votre conception du
monde.
Si vous nous
avez encouragés dans nos efforts vers une autre façon de soigner, c'est parce
que votre manière d'être était un appel à une autre façon de vivre.
Nous vous
écoutons toujours et encore : "Plus le respect est difficile, plus il
honore ceux qui en sont capables et ceux qui en bénéficient".
Docteur Bernard Pradines, Président
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l'auteur du site : Bernard
Pradines