mise en ligne le 12 novembre 2010
Je reproduis ci-dessous la proposition d'experts
relative à l'actualisation éventuelle des critères NINCDS-ADRDA.
Le
document traduit ci-dessous se trouve en version originale à l'adresse suivante
: document
initial.
Attention : traduction anglais-français par
l'auteur de ce site. Cette publication n'est qu'une simple information.
Sources : document en anglais publié sur le site suivant : http://www.alz.org/research/diagnostic_criteria/
Les experts appartiennent au groupe suivant : Alzheimer’s Disease
Dementia Workgroup
Guy McKhann,
Bradley Hyman,
Clifford Jack, Mayo Clinic
Claudia Kawas,
William Klunk,
David Knopman, Mayo Clinic
Walter Koroshetz, National Institute of Neurological Disorders and
Stroke
Jennifer Manly,
Richard Mayeux,
Richard Mohs, Eli Lilly and Company
John Morris,
Sandra Weintraub, Northwestern
Introduction
Les
auteurs souhaitent réviser les critères NINCDS-ADRDA de l’automne 1983, publiés
en juillet 1984, ceux-ci ayant tout de même une sensibilité de 80 % and une
spécificité de 70 %, ce qui explique leur longévité.
Toutefois,
les diverses évolutions rendent une
réévaluation indispensable. C’est pourquoi ils publient une proposition qui
doit d’abord être discutée avant d’aboutir à des recommandations définitives.
Ils
reprochent aux critères du NINCDS-ADRDA de 1983 les éléments suivants :
1)
le manque de distinction des éléments relevant d’autres démences qui
surviennent dans la population du même âge mais incomplètement compris il y a 25 ans.
2)
l’absence d’inclusion de l’apport de l’IRM (imagerie par résonance magnétique),
de la TEP (tomographie par émission de positons) et des dosages de certains
composants du LCR (liquide céphalo-rachidien) qui servent de biomarqueurs.
3)
la suggestion que l’altération mnésique est toujours le premier déficit
cognitif chez tous les patients souffrant de la maladie d’Alzheimer (MA).
4)
le manque d’information génétique sur la MA.
D’autres
critères se sont avérés incorrects et doivent être revus :
1)
des âges considérés comme des seuils pour le diagnostic de la MA
2) la nécessaire implication d’un test
neuropsychologique qui n’est pas disponible dans de nombreux lieux de soins.
3)
l’extrême hétérogénéité de la MA “possible” incluant un groupe de patients qui
seraient à présent diagnostiqués comme souffrant d’un MCI (Mild Cognitive
Impairment : déficit cognitif léger)
Les
auteurs proposent ainsi :
1)
des critères pour toutes les démences
2)
des critères pour la MA
Ces
critères révisés doivent être suffisamment flexibles pour être utilisés aussi
bien par des soignants généralistes sans accès aux tests neuropsychologiques, à
l’imagerie et aux dosages dans le LCR qu’à des spécialistes impliqués dans des
essais cliniques qui disposent de ces moyens.
I. Critères pour toutes les
démences
Le
diagnostic de démence est posé quand des symptômes cognitifs et comportementaux
sont observés qui :
1. interfèrent avec le
travail ou avec les activités sociales habituelles ; et
2. représentent un
déclin par rapport aux précédents niveaux de fonctionnement et
d’accomplissement des tâches et
3. ne sont pas expliqués
par un état confusionnel ou un trouble psychiatrique majeur
4. l’altération
cognitive est détectée et diagnostiquée par une combinaison de l’histoire de la
maladie rapportée par le patient, par un témoin bien informé, et une évaluation
cognitive objective (MMS ou tests neuropsychologiques) et impliquant au moins
deux des domaines suivants :
1. capacité altérée
d’acquisition et de souvenir d’une information nouvelle. Symptômes :
questions ou conversations répétitives, perte d’objets personnels, oubli des
événements ou des rendez-vous, le fait de se perdre sur un itinéraire familier.
2. altération du
raisonnement et du traitement des tâches complexes, jugement défaillant.
3. altération
visuo-spatiale et des aptitudes.
4. altération du langage
(discours, lecture, écriture).
5. changements de
caractère par rapport à l’ordinaire / à la personnalité antérieure, motivation
et initiative altérées.
II. Critères pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer (MA)
5. début insidieux.
Symptômes apparaissent de manière
graduelle (en mois ou en années), le début n’étant pas soudain (en heures ou en
jours)
6. histoire évidente d’aggravation de la
cognition par un rapport ou une observation et
7. les déficits cognitifs sont évidents sur
l’anamnèse et l’examen dans une des deux catégories suivantes :
8.
(1) une présentation amnésique : c’est la plus
commune des présentations de la MA. Les déficits doivent inclure l’altération
de l’apprentissage et du rappel d’une information récente. On doit aussi
retrouver la preuve d’une dysfonction cognitive dans d’autres domaines
cognitifs définis précédemment.
9.
(2) des présentations non-amnésiques :
6. Présentation par le
langage : les déficits prédominants portent sur la recherche du mot mais une
dysfonction doit être retrouvée dans d’autres domaines cognitifs.
7. Présentation visuelle
: les déficits prédominants portent sur la reconnaissance spatiale incluant
l’agnosie des objets, l’altération de la reconnaissance des visages, la
simultagnosie, et l’alexie. Des déficits doivent être présents dans d’autres
domaines cognitifs.
8. Dysfonction exécutive
: les déficits prédominants portent sur
l’altération du raisonnement, du jugement et de la résolution des problèmes Des
déficits doivent être présents dans d’autres domaines cognitifs.
Dans ce contexte, les
auteurs proposent ce qui suit pour caractériser la MA :
1. Maladie d’Alzheimer prouvée :
1. critères cliniques et cognitifs pour MA probable
durant la vie
2. Maladie d’Alzheimer prouvée par l’examen
histologique autopsique.
2. MA clinique – degrés
de certitude
Nous
proposons de maintenir les termes de “probable” et de “possible” issus des
critères publiés en 1984 et d’y ajouter des correctifs à chacun.
A. Maladie d’Alzheimer probable : critères cliniques et cognitifs développés ci-dessus (chapitre II) ET
sans preuve d’autres diagnostics différentiels, en particulier de maladie cérébrovasculaire
(voir note 1 de bas de page).
Chez
les personnes qui ont les critères de MA probable, ce diagnostic peut être
renforcé par l’un des trois éléments suivants qui en accroissent la
certitude :
OU
2) positivité de biomarqueurs :
1.
bas niveau de A beta 42 dans le LCR, niveau élevé de protéine tau ou tau
phosphorylée dans le LCR
2.
imagerie par TEP positive à la protéine béta amyloïde
3.
diminution de la fixation du FDG à la TEP au niveau du cortex temporo-pariétal
4.
atrophie disproportionnée en IRM structurale du lobe temporal médian (en
particulier l’hippocampe, le lobe temporal basal et latéral, et le néocortex
pariétal médian.)
3)
porteur d’une mutation génétique
Possède
les critères cliniques de la MA et est porteur d’une mutation génétique
autosomique dominante :
1. PSEN1 : presenilin-1
2. PSEN2 : presenilin-2
3. APP : amyloid precursor protein
B. Maladie d'Alzheimer possible
1) évolution atypique
Il
n’y a pas de preuve ou bien il existe une incertitude d’un déclin progressif
mais les critères cliniques ou cognitifs de la MA sont présents.
OU
2) les biomarqueurs sont négatifs
OU
3) présentation mixte :
Les critères cliniques et cognitifs de la MA
sont présents mais il existe un preuve de pathologie cérébrovasculaire concomitante
: plus d’un infarctus lacunaire, ou encore un seul infarctus large ou étendu,
de graves changements dans l’intensité de la substance blanche ; ou la
preuve d’éléments en faveur d’une démence à corps de Lewy (DCL) qui
n’atteignent pas le niveau de diagnostic de DCL probable.
C. Ce qui n’est pas une maladie d'Alzheimer :
Les critères cliniques de MA sont absents
OU
Il existe une preuve suffisante pour un diagnostic
différentiel tel que le VIH, la maladie de Huntington ou d’autres pathologies
qui peuvent partager des critères avec la MA.
Notes de bas de
page :
Note
1.
Pas de maladie cérébrovasculaire significative : moins de 2 infarctus
lacunaires, pars d’infarctus des gros vaisseaux ni de changement grave, étendu
de l’hyperdensité de la substance blanche.
Note
2.
Une évaluation par des tests neuropsychologiques par un neuropsychologue
qualifié montre un déclin significatif (défini par des changements
statistiquement significatifs / fiables dans les scores obtenus) dans un
tableau et à un rythme cohérents avec des changements compatibles avec une MA.
Alternativement, un déclin évident du MMS pourrait apporter une preuve
suffisante pour documenter le déclin, pourvu que l’importance de ce déclin soit
supérieure aux standards cliniques locaux reconnus.
Note
3.
Les biomarqueurs : un bas niveau de Abeta42 dans le LCR, un taux élevé de
protéine tau ou de tau phosphorylée, une diminution de la fixation du FDG à la
TEP au niveau du cortex temporo-pariétal. Une atrophie disproportionnée à l’IRM
structurale du lobe temporal médian, en particulier l’hippocampe, du lobe
temporal basal et latéral, et du néocortex pariétal médian. Dans de nombreux
cas, l’imagerie et les marqueurs du LCR s’avèreront normaux ou anormaux. Dans
ces cas, une lecture qualitative de l’imagerie aboutira à des constats
« positifs ». Dans certains
cas, les résultats obtenus sont ambigus et il ne sera possible de classifier
ces résultats comme positifs ou négatifs qu’avec des méthodes d’imagerie plus
complexes, quantitatives et objectives. Les résultats du LCR dépendent
totalement du résultat quantitatif comparé à des normes. Ces techniques quantitatives sont en
évolution et continueront à l’être. La priorité à doser un marqueur plutôt
qu’un autre n’a pas été établie dans la MA et des études sont encore requises.
C’est pourquoi l’utilisation pratique des marqueurs doit suivre les
recommandations locales de bonne pratique jusqu’à une standardisation complète.
Ecrivez à
l'auteur : pour
Bernard Pradines